Kyushu est la troisième plus grand île du Japon, après Honshu (celle où se trouve Tokyo notamment) et Hokkaido. C’est aussi l’île majeure la plus au sud, et comme on vous l’a déjà expliqué facile d’accès depuis la Corée du Sud.
On commence donc notre aventure japonaise par Fukuoka, une ville portuaire assez dynamique.
Fukuoka
Notre logement est situé un peu à l’extérieur de la ville, dans la partie “Hakata” donc on a notre première expérience de Skinkansen dès l’arrivée. On est hébergé chez une petite famille japonaise, avec 2 petites filles, c’est l’occasion de voir comment vivent les locaux.
On reste quelques jours à Fukuoka, on commence par s’imprégner de l’ambiance de la ville en se baladant dans les rues et en visitant les friperies et autre boutiques.
La ville offre aussi des aspects plus orientés nature et culture. On va voir la lac du parc Ohori, on fait une petite balade en pédalo en forme de cygne où l’on profite du coucher de soleil. On visite aussi les ruines du château dans le parc Maizuru, il a été construit de 1600 à 1607 et a été réparé plusieurs fois durant la période Edo (1603-1868). Mais lorsque la féodalité est abandonnée, le château aussi, et il en reste très peu à visiter actuellement. Le plus marquant est sa fortification de pierre très bien réalisée, qui lui avait valu à l’époque le nom de “Sekijo” littéralement “Château de pierre”.
Au sud de Fukuoka, il y a aussi un sanctuaire shinto (religion principale du Japon) qui n’a pas tant à envier à celui de Kyoto ! Dazaifu Tenman-gū est accessible par un petit train de banlieue, et attire beaucoup de monde. La rue pour y accéder est alors remplie de petites boutiques de souvenir, mais surtout de spécialités culinaires. On n’y échappe pas bien sûr et on se régale !
Le sanctuaire est dédié au dieu de l’apprentissage, et spécifiquement à Michizane, un érudit du 1er siècle, qui a été déifié. Beaucoup d’étudiants viennent y prier, et il est connu aussi pour ses nombreux Torii. On se balade donc dans ce temple qui est dans un très grand parc.
Il abrite aussi le musée national de Kyushu dans un bâtiment assez récent. Le musée est très complet, on a donc pris un audioguide pour nous permettre de bien comprendre tous les éléments à notre disposition. On y découvre la préhistoire et l’histoire japonaise avec ses différentes guerres avec les coréens ou les chinois mais aussi en interne. Une petite partie est également dédiée à l’art bouddhiste très fourni. Comme quelques uns d’entre vous le savent déjà on y a passé un peu de temps, et à la sortie on est récompensés par le coucher de soleil aligné avec les Torii.
Notre balade dans Fukuoka ne s'arrêtera pas là car on profitera du pass régional ferroviaire pour revenir quelques jours plus tard visiter l’exposition teamLab. Il s'agit d'une expo thématique artistique qui mêle projection lumineuse, musique et interactivité. On l’avait beaucoup apprécié lors d'un passage à Paris, on ne pouvait pas manquer d'aller les voir dans leur pays d'origine.
Kumamoto
Facile de circuler entre les villes avec le train à grande vitesse qui relie les gares à une fréquence inégalée. Nous voilà donc à Kumamoto, ville de taille moyenne mais à l'histoire riche, et qui a l'avantage d'être proche du mont Aso sur lequel on souhaite se promener.
Après avoir fait le tour de notre quartier rapidement, on ne peut pas esquiver plus longtemps la star de la ville qui trône sur une petite butte (visible depuis la fenêtre de notre hôtel d’ailleurs) et on va visiter le château de Kumamoto. Contrairement à Fukuoka, on fait face cette fois-ci à un bâtiment en hauteur imposant.
L’intérieur est en fait un musée sur plusieurs étages, que l’on parcourt jusqu’au sommet où les visiteurs sont récompensés par une vue panoramique sur la ville. On en apprend plus sur l’histoire de la ville liée au Château et donc du Japon en général. Le soir, on a l’occasion aussi de voir une projection sur l’un des remparts avec son et lumières !
Lors d’une soirée, on tombe sur une ruelle aménagée avec plusieurs izakayas. Ils proposent différents plats emblématiques japonais et surtout régionaux. Après quelques hésitations, on choisit un spécialité qu’on ne connait pas : le sukiyaki. Il s’agit de faire cuire des aliments dans un bouillon, mais un peu spécial parce qu’il est assaisonné de sauce soja et de sucre. On choisit d’y faire cuire du bœuf régional (recommandé par le chef) et bien sûr c’est généreux en légumes ! Il y a une petite procédure, où l’on bat un oeuf dans un petit bol pour y tremper nos aliments après les avoir cuits dans le bouillon. Le couple en face de nous au comptoir est aussi français, et le chef leur conseille d’ajouter des nouilles (udon) dans le reste de bouillon, et on prend l’occasion de discuter avec eux pour savoir si cet ajout est à la hauteur. Ils nous le confirment, et recommandent aussi cette petite cerise sur le gâteau déjà délicieux qu’est le sukiyaki ! On discute un peu de nos voyages respectifs, et un nouveau couple arrive, cette fois des japonais avec qui on échange aussi quelques mots, un peu plus limités à cause de la barrière de nos langues. Mais on découvre l’ambiance amicale des izakayas et c’est très chouette !
Qui dit Izakaya dit boissons également ! Et dans cette ruelle, il y a une sorte de distributeur (c’est LE truc des japonais les distributeurs) de shōchū, une sorte de liqueur régionale. Le choix énorme, et le petit shooter est à seulement 100 yens (70 centimes d’Euros). On regarde les différentes étiquettes (en japonais), et en fait, un homme nous propose de nous payer un verre chacun, on choisit et on trinque avec lui et ses amis ! Ils repartent à leur occupation, et une japonaise nous aborde en anglais et on discute avec elle en buvant nos verres 😊 On finit par échanger nos instas car elle vit en fait à Tokyo et nous propose de se revoir quand on s’y rendra dans quelques semaines !
Dans cette ville, on va aussi gouter le meilleur Tonkatsu de note vie ! Il est répertorié au guide michelin et offre un repas complet avec une vraie expérience !
Mont Aso
Le Mont Aso est le plus grand volcan en activité au Japon, et on nous avait conseillé d’aller y faire une petite randonnée. On a donc pris le train dédié pour s’y rendre, nommé Aso boy.
Il s’agit d’un train à l’ancienne qui traverse des paysages magnifiques pour rejoindre la caldeira du volcan.
Ensuite on prend un bus pour se rapprocher du volcan et on arrive à avoir des infos sur les différentes randonnées possibles. On en choisit une compatible avec nos horaires pour le retour en bus + train, sur le mont Eboshi, un cratrère voisin qui n’est plus en activité. Le début est un peu chaotique car pas très bien balisé et le chemin peu dégagé dans de hautes herbes mais on croise des gens qui nous rassure sur le reste du trajet. ça monte un peu mais on est récompensé par une magnifique vue sur le volcan toujours en activité.
En redescendant, on se balade sur la caldeira. On avait remarqué en arrivant que des chevaux de traits étaient utilisés pour proposer un petit tour aux touristes. Et à notre retour, ils sont libérés et se baladent librement dans la caldeira, et on fait leur rencontre près de quelques points d’eau.
Beppu
Le Japon est une terre volcanique, ce qui comporte des inconvénients certains comme la récurrence des tremblements de terre par exemple, mais permet aussi de belles balades en hauteur comme à Aso, ou de réchauffer l'eau souterraine et créer des bains chauds naturels un peu partout. Beppu est une zone où ils sont particulièrement concentrés, ce qui suffit à en faire un lieu de visite intéressant. On s'y rend facilement en train et dès l'arrivée on comprend l'ampleur du phénomène des sources chaudes sur la ville : les cheminées et les échappements de vapeur sont partout où il peut y avoir une canalisation ! L'atmosphère de la ville est unique, d'autant plus que notre hôtel est situé un peu en hauteur et qu'il offre une vue sur ce spectacle de fumée permanent.
On séjourne pour deux nuits dans une auberge accueillante, décorée au goût du sympathique propriétaire, c'est-à-dire que les murs et mobiliers sont couverts d'illustration de mangas ou de pokémon ! Eddine aura même l'occasion de lui racheter quelques cartes en souvenir. On a l'occasion de discuter avec d'autres voyageurs, et notre hôte nous baptisera même de l'écriture de notre nom en japonais.
The best onsen
Mais ce qui fait tout le sel de la petite ville ce sont bien les onsens, ils influencent même la gastronomie car les habitants les utilisaient historiquement pour faire cuire des aliments à la vapeur. Sur les recommandations de l'hôtel on ira s'initier à la baignade dans “le meilleur” des établissements. Un peu excentré, à l'arrière d'une maison de campagne, un petit vieux nous accueille et, malgré les 14 mots que nous partageons, nous aiguille vers les bassins.
Effectivement c'est probablement le meilleur des décors, au cœur d'un bosquet de bambous les bassins de différentes températures nous permettent de se relaxer. On peut même passer d'un extrême à l'autre en se douchant sous la cascade hyper fraîche !
Yufuin
Une ville encore plus petite est accessible en train (toujours) depuis Beppu, on a lu que c’est une étape touristique assez mineure mais qui pouvait être intéressante pour une parenthèse à la campagne. Le trajet est inclus dans notre passe ferroviaire donc ça ne nous coûte rien d’aller y faire un tour une après-midi. Au bout d’un trajet relativement court, on trouve donc un village au pied des montagnes qui a su mettre en avant ses atouts touristiques : la gare débouche directement sur l’artère principale qui nous fait passer à travers des boutiques de toutes sortes (on repart d’ailleurs avec des repose-baguettes et une décoration en bois sculpté) et des stands qui vendent des snacks et des glaces. Le point de convergence de tous les visiteurs est le lac au pied de la montagne, avec son atmosphère paisible et les quelques couleurs automnales que l’on voit pointer ici et là, c’est photo obligatoire pour tout le monde !
Aux alentours de 17h, soit presque au coucher de soleil rappelons-le, une sorte de sonnerie se fait entendre et on rigole sur le fait que c’est la fin des cours pour la journée. On ne pensait pas si bien dire, sur le chemin du retour tout est fermé et les petits groupes se dirigent tous vers la gare pour repartir chacun dans leur direction. On a vraiment l’impression que la ville “ferme” à la tombée de la nuit ! Il y a quelques hôtels ici aussi, on imagine qu’ils doivent faire leur promo sur la tranquilité du coin !
Les enfers
Cette activité géothermique donne aussi naissance à des attractions touristiques, en effet les différentes couches de sédiments traversées par l'eau lors de sa remontée des profondeurs peuvent la colorer. Ces bassins (beaucoup trop chauds pour s'y baigner cette fois) sont visitables, pas mal pour prendre quelques photos, mais le prix grimpe vite si on veut tous les voir et le spectacle est inégal.
Si on prend en plus en compte que certains sont aussi des zoos aux conditions de vie douteuses, on préfère s’abriter de la pluie dans le musée. La visite est courte mais finalement on comprend mieux les phénomènes naturels à l'œuvre dans la région et les étapes sont ludiques.
Le séjour à Beppu fût court, mais plutôt fun ! Grâce à une belle ambiance d’auberge et une ville à l’atmosphère unique. D’habitude on préfère rester au moins 3 nuits par étapes, mais on a pu suffisamment reprendre des forces avec des activités relativement calmes, et on reprend la route avec plaisir. Au final on a pu profiter des fameux onsens japonais, ce qui nous fait plaisir car on espérait trouver une alternative à ceux de Kanazawa, également à Kyushu mais bien moins facile d’accès et qu’on avait dû laisser de côté.
La cuisine !
À Kyushu on a fait la rencontre de la fameuse cuisine japonaise dans son pays natal. Elle est plutôt bien représentée à Paris, mais ça fait toujours une différence de la consommer localement. Entre ramen, yakitori et desserts à base de haricots rouges, on retrouve beaucoup de classiques, mais certains plats nous ont particulièrement marqué :
- Les yatais à Fukuoka : on en attendait beaucoup sachant qu'on sortait de Jeju et son marché de nuit du feu de dieu, mais finalement l'expérience était un peu mitigée. Il y avait des stands variés et une bonne ambiance, mais les prix étaient légèrement élevés et le poulet frit un peu décevant maintenant qu'on a un statut de maîtres en la matière. On a essayé qu'une fois à un endroit, ils ont bonne réputation donc il y avait peut-être plus à découvrir.
- Le tonkatsu de Kumamoto : un restaurant de la ville s’est fait connaître en étant recommandé par le guide Michelin pour son tonkatsu, du porc pané déposé sur du riz. Un plat très simple mais qui est poussé vers les sommets ici. Après un peu d'attente on commande le plat phare de l'établissement et on est tout de suite mis à contribution, il faut moudre des graines de sésame pour faire sa propre sauce d’assaisonnement. On nous explique aussi comment manger le radis daïkon râpé, qu'on retrouvera très souvent dans ce voyage. Les assiettes arrivent, la tranche de viande est belle, accompagnée d'une crevette tempura, un peu de chou et bien sûr de riz blanc. On est particulièrement choqués par la panure, légère mais croustillante, peu grasse, on se rend bien compte d'être à un niveau supérieur à ce qu'on trouve d'habitude. Tout est bien cuit, les accompagnements sont bons, une belle soirée pour un prix pas aussi élevé que ce qu'on pourrait croire !
- Le bœuf sukiyaki : Kumamoto nous a aussi fait découvrir un de nos plats préférés du voyage, il s'agit de tranches fines de bœuf local, que l'on va faire cuire dans un bouillon aromatisé à la sauce soja avec des légumes. Le gérant parle mal anglais mais nous explique quand même qu'il faut touiller l'œuf cru qu'il nous sert pour tremper la viande avant de la manger. Comme le couple de français assis au comptoir avec nous avaient commandé le même plat, on suit leur exemple pour commander des nouilles udon qui cuiront encore une fois dans le bouillon, ce qui leur donne une saveur particulièrement riche. Tous les ingrédients sont de bonne qualité, bref on se régale.
- Le tataki de poulet : Les vapeurs d’eau chaude de Beppu permettent de cuire des œufs, des patates douces ou même des pâtisseries, mais ce qui nous a vraiment surpris lors de ce séjour, c’est bien cette recette de poulet mi-cuit. La volaille a plutôt la réputation de devoir être bien cuite pour ne pas rendre malade, et même dans le pays d’origine des sashimis et du tataki on s’attendait à manger du poulet uniquement grillé ou bouilli. Pourtant notre hôte nous a bien recommandé d’aller tester une recette où le poulet (d’une extrême fraîcheur dit-on) est passé au barbecue juste assez pour que la surface soit presque carbonisée, mais l’intérieur encore saignant. Le côté déstabilisant et même inquiétant de la dégustation nous empêche presque d’en apprécier pleinement la saveur, mais on n’a pas été malade et l’accompagnement de chou blanc avec des algues séchées au sel était délicieux, on retiendra donc une soirée réussie !
- Les bentos : pour terminer cette liste on parlera non pas d’un plat spécifique, mais d’une manière de manger. Vous l’aurez compris pendant cette première partie de notre aventure nippone on a eu l’occasion de prendre pas mal le train. Parfois à des heures suffisamment proches de celles des repas pour que se pose la question de manger pendant le trajet. Et à cette question le Japon à la réponse, ou même une myriade de réponses, puisque dans les gares il est presque systématiquement possible d’acheter un petit plat cuisiné avec des ingrédients variés et plutôt pas mauvais ! Véritable représentant de la vie quotidienne locale, les bentos auront été pour nous nos grands alliés des trajets sur les rails.
Kyushu a été une belle entrée en matière pour notre visite du Japon, avec des paysages variés, des activités et une vie quotidienne accueillante ! On aurait aimé avoir encore plus de temps pour visiter d’autres villes comme Nagasaki, ou même aller encore plus au Sud pour profiter peut-être de la mer, mais il faut faire des choix et on se dirigera ensuite vers l’île de Honshu, pour s’approcher des grands classiques du Japon historique.